Pénurie de logements dans le centre de Paris
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Se trouver un toit décent dans le centre de Paris était déjà une gageure pour les familles et les jeunes. Avec l’explosion des locations saisonnières pour touristes cela devient impossible. Que faire ?

Se loger dans les arrondissements du centre de Paris devient un privilège, malgré la pollution automobile. Les spéculateurs institutionnels (grands fonds immobiliers, tenus par des banques et des compagnies d’assurance) font monter les prix. Les petits propriétaires suivent. Les pauvres se retrouvent expulsés peu à peu. Beaucoup de personnes âgées sont contraintes de partir. De nombreux jeunes et des familles consacrent, pour payer leur loyer ou les traites de leur logement, plus du quart de leurs revenus. Des familles s’entassent dans 10 ou 15 mètres carrés. Des logements sans confort (WC sur le palier, etc.) sont loués à des prix indécents. Les fins de baux et les reprises pour vente se multiplient, les ventes à la découpe se font plus discrètes mais elles existent toujours.

Pas d’expulsions sans relogement
Avec les associations, les élu-e-s écologistes, socialistes et Front de gauche travaillent à faire en sorte qu’aucune personne qui perd son logement ne se retrouve à la rue. Malgré ce principe très clair et malgré la loi DALO qui interdit toute expulsion sans relogement, la préfecture ordonne parfois des expulsions avant que les élu.e.s n’aient pu trouver une solution. Les mobilisations citoyennes avec le RESEL ou le DAL pour s’opposer aux expulsions sont alors très utiles. Et il est important que chacun d’entre nous y participe.

Une bonne idée devient une nuisance
Bien que le nombre de logements sociaux ait sensiblement progressé en quinze ans (au sens de la loi SRU), cet effort n’endigue pas le tsunami spéculatif. D’autant que celui-ci est renforcé par le vent mauvais des locations saisonnières pour touristes qui nous tombe dessus depuis trois ans. Tant qu’il s’agissait d’échanges d’appartements de gré à gré entre particuliers, la formule était belle. Mais son industrialisation, via les plate-formes sur Internet de type Airbnb, a contribué à en faire une nuisance. Valises tirées bruyamment dans les parties communes des immeubles, fêtes improvisées… ne sont que la partie visible de cet iceberg. Le premier écueil invisible, c’est la flambée des prix, à l’achat comme à la location. Ainsi un propriétaire explique le prix exorbitant de son mètre carré en disant qu’en vendant son logement, il vend aussi un « fonds de commerce » ! Autre incidence du fléau de la location saisonnière de masse : l’évolution des commerces. Cette nouvelle mode induit l’apparition de bars, restaurants de nuit en surabondance avec des clients dehors, bruyants, et peu respectueux du voisinage.

120 jours de location par an
D’année en année, les quartiers centraux perdent de leurs habitants. Les écoles qui étaient pleines accueillent moins d’enfants. Des classes ferment. Or, un quartier qui perd des familles habitantes et voit disparaître ses commerces de proximité est un quartier en crise. Des mesures ont été mises en place par la municipalité pour limiter le phénomène des locations saisonnières. Désormais, il ne sera plus possible de louer son logement plus de 120 nuitées par an. Ce qui est encore énorme ! Les écologistes souhaitaient 30 nuitées maximum. De plus, pour louer sur les plate-formes il sera obligatoire de s’enregistrer et de disposer d’un numéro d’hébergeur de façon à faciliter les contrôles.