Avec la progression du chômage ces 30 dernières années, la question de la souffrance au travail a longtemps été un tabou. L’accession à la société salariale et la protection sociale qu’elle procure a longtemps été vécu comme une finalité. Pourtant, les problèmes de santé au travail touchent aujourd’hui tout le monde.
Emmanuel Macron et Edouard Philippe semblent l’oublier. J’aimerais donc, afin de me préparer à la députation, les aider en leur rappelant quatre faits lumineux.
- Les conditions de travail sont susceptibles de dégrader l’espérance de vie: dans les sociétés occidentales, 33 années d’espérance de vie peuvent séparer ceux qui travaillent dans des conditions favorables de ceux qui travaillent dans les pires conditions [1]
- Au moins 100 000 personnes meurent chaque année d’un cancer professionnel, souvent après avoir été exposées à des produits hautement dangereux
- Les maladies liées au stress au travail ne cessent d’augmenter dans notre pays : la France arrive au troisième rang des pays avec le plus de dépressions liées au travail [2]
- Plus de 22% des salariés sont victimes de comportements hostiles au travail [3]
Les causes de ce mal être sont multiples. En premier lieu, elles tiennent aux divergences d’intérêt entre l’entreprise et ses salariés. Alors que la préservation de la santé physique et mentale est censée être une obligation de résultat pour tout employeur, selon l’article L 4121-1 du code du travail, force est de constater que les maladies professionnelles continuent d’augmenter (+3,4% en moyenne ces 10 dernières années, selon les chiffres de l’Assurance maladie).
Trop souvent, le poids des lobbies empêche les souffrances d’être entendues. Par exemple, au niveau européen, au sein du Comité scientifique en matière de limites d’exposition professionnelle aux produits dangereux, 15 membres sur 22 se trouvent en position de conflit d’intérêt [4]. Espérons qu’il n’en aille pas de même au gouvernement.
Heureusement pour Emmanuel Macron, Edouard Philippe, et toutes celles et ceux qui souffrent au travail, des solutions existent, et elles sont portées par Europe Ecologie Les Verts. Plutôt que d’accentuer le mal-être, et de rabaisser le travail, en supprimant toutes les protections sociales, nous proposons au gouvernement de prendre nos idées. Elles sont en libre accès, car pour nous, les bonnes idées sont comme tous les biens communs : ouvertes à toutes et tous !
Nous proposons donc au Gouvernement de :
- Lancer un grand plan anti-stress au travail.
- Favoriser les entreprises qui mettent en place des politiques de prévention.
- Relancer la négociation sur la réduction du temps de travail tout au long de la vie, avec comme objectif les 32 heures de travail.
- Limiter au maximum les horaires décalés et le travail de nuit, qui aggravent les risques cardio-vasculaires.
- Réduire les risques du travail dans la sous-traitance en rendant les donneurs d’ordre co-responsables des accidents du travail et des maladies professionnelles.
- Augmenter le nombre de médecins et inspecteurs du travail et mieux former les médecins aux risques professionnels et aux maladies professionnelles.
Références
[1] Exposure To Harmful Workplace Practices Could Account For Inequality In Life Spans Across Different Demographic Groups, Joel Goh, Jeffrey Pfeffer and Stefanos Zenios, 2015
[2] Rapport ministériel, Philippe Nasse et Patrick Légeron, 12 mars 2008
[3] Analyse DARES, février 2013
[4] Le Monde, 24 février 2017
Victoria Barigant, candidate aux législatives dans la 1ère circonscription de Paris